C'est le film événement de l'année, Grand Prix du Jury à Cannes. La première fiction sur les camps de la mort jugée digne par Claude Lanzmann, l'auteur de « Shoah », lui qui estimait que toute représentation de l'holocauste était impossible.
« Le fils de Saul », du jeune cinéaste hongrois Laszlo Nemes, serait donc un film à voir absolument, une oeuvre qui renouvellerait complètement l'approche cinématographique d'un sujet qui semblait jusque là inabordable.
Je tenais donc à le voir dès sa sortie, prête à encaisser le coup, parce que jusqu'ici, aucune fiction ne m'a paru arriver à exprimer ce que mon père, lui, a tenté de me transmettre de son expérience à lui.
A la sortie de la salle, une spectatrice s'indignait : « C'était nul, mais nul !! » Elle semblait plus fâchée que déçue, plus blessée que râlant de s'être fait avoir par des critiques dithyrambiques. Je n'irais pas jusque là, mais tout de même, j'ai du mal à comprendre l'enthousiasme général.
Invitée d'un séminaire à l'ULG, Nancy Fraser a synthétisé les idées développées dans un article paru dans la New Left Review. Je vous en livre ici un bref compte-rendu (subjectif, comme toujours).
Sa thèse : la crise que vit actuellement le capitalisme est multidimensionnelle : économique, financière mais aussi écologique, politique, culturelle... Pour chacune de ces dimensions il existe des analyses, mais aussi des contestations, des résistances. Ces mouvements émancipateurs auraient tout intérêt à travailler ensemble.
La vision marxiste orthodoxe du capitalisme comme système économique lui paraît trop étroite. Car pour fonctionner, le capitalisme repose sur des conditions aussi indispensables que cachées. Nancy Fraser en repère et développe trois principales.
- La reproduction sociale, qui concerne la création et le maintien des humains : une dimension fortement genrée, principalement prise en charge par les femmes, mal ou souvent non rémunérée, et pourtant indispensable pour le fonctionnement du système économique ;
- La nature, qui fournit les matériaux et l'énergie indispensables à la production ;
- Les pouvoirs publics qui, en imposant (ou en supprimant) des règles, organisent (ou désorganisent) le fonctionnement de l'économi
Les pensées féministes et écologistes ont bien compris l'importance de ces dimensions. L'analyse du capitalisme en terme de lutte des classes reste évidemment pertinente, mais elle est insuffisante. Les contradictions qui travaillent le capitalisme ne se limitent pas à la sphère économique. Les luttes anti-capitalistes ne devraient pas s'y limiter non plus. Nancy Fraser cite les nombreuses « lignes de front » d'aujourd'hui, en plus du travail : eau, santé, ville, prise en charge des enfants et des personnes dépendantes... Chacune de ces dimensions doit en plus être historicisée, car elles ne jouent pas les mêmes rôles selon la période et la forme prise par le capitalisme.
Ces domaines que le marxisme orthodoxe enverrait au paradis éthéré des « superstructures », Nancy Fraser les considère donc plutôt comme un « arrière-plan », caché mais indispensable. Si cet arrière-plan est déstabilisé, c'est tout le système qui vacille sur ses bases.
Contribuons donc à le faire vaciller ! (conclusion personnelle)
La discussion qui a suivi a soulevé des questions intéressantes, parfois liées à l'actualité la plus chaude, comme l' « uberisation de l'économie ». Nancy Fraser n'y voit pas tellement une « marchandisation de ce qui était hors du marchand » mais plutôt une individualisation des rapports marchands, remettant en question une organisation collective qui offre quand même certaines protections. Cela va aussi dans le sens d'une « responsabilisation de soi » puisque désormais, on peut gagner ou du moins améliorer sa vie en utilisant des biens aussi basiques que sa voiture ou son appartement. La protection sociale deviendrait dès lors superflue, sauf pour les moins "débrouillards"...
Pour ce qui concerne l'aspect de reproduction sociale, il s'agit bien là d'une question fondamentale soulevée par les féministes : la « fabrication » et la « maintenance » des travailleur/se/s (et des humains en général), y compris leur prise en charge lorsqu'ils/elles sont encore ou deviennent dépendant/e/s (enfants, personnes âgées, malades). On sait combien ces fonctions, en écrasante majorité exercées par des femmes (que ce soit dans la sphère marchande ou non marchande) sont invisibilisées, mal ou pas rémunérées. La séparation production/reproduction n'est ni universelle dans le temps ni dans l'espace : c'est une des caractéristiques du système capitaliste. On ne peut la remettre en cause sans s'attaquer au système tout entier.
C'est là que les luttes féministes rejoignent d'autres luttes – ou du moins, devraient les rejoindre. Nancy Fraser est assez sévère avec un féminisme libéral, sinon franchement réactionnaire, qui se limite à revendiquer une « égalité de genre ». Avoir accès au poste de générale ? De PDG... ? Voilà qui se contente à ouvrir des portes pour certaines femmes sans remettre en question une organisation sociale dont la domination masculine fait fondamentalement partie.
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Si je peux me permettre un ajout personnel (que Nancy Fraser ne renierait sans doute pas, mais je ne prétends pas lui faire dire ce qu'elle n'a pas dit) : je partage tout à fait cette vision d'un féminisme qui ne se contente pas d'une « égalité avec n'importe quoi » par un alignement sur une société, des valeurs, (construites comme) « masculines ». Je pense aussi que les différentes luttes (économiques, écologiques, culturelles, politiques...) doivent se rejoindre pour ébranler les bases de ce système. Mais je constate trop souvent que dans ces luttes-là, la place des femmes n'est pas suffisamment prise en compte, sinon carrément oubliée, et qu'au-delà de quelques déclarations de principe, l'analyse et le combat féministe ne sont pas toujours les bienvenus. Alors lutter ensemble, oui, mais pas « au service d'autres causes », pas comme « front secondaire » dont on s'occuperait une fois que les problèmes « sérieux » seraient résolus. Le féminisme doit avoir sa place partout. Mis à jour (Dimanche, 11 Octobre 2015 08:45)
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La critique culturelle, ce n'est pas ma compétence. Je ne m'avancerai pas à prétendre qu'un spectacle est « génial » ou « nul » ou les innombrables nuances entre les deux. Je peux juste, d'un point de vue complètement subjectif, dire et écrire ce qui m'a bouleversée, fait mal et pourtant du bien, ce qui a renforcé ma conviction qu'en ces temps troublés, que ce soit au plan personnel ou mondial, la culture est l'un de nos biens les plus précieux et qu'il serait plus urgent que jamais de la mettre à la portée de toutes et de tous. Alors même qu'elle ne cesse d'être rabotée, comme si c'était un luxe, une simple distraction.
Ce 28 octobre donc, j'ai assisté à une représentation au Théâtre de Poche : « Les Chatouilles », de et avec Andréa Bescond, mise en scène par Eric Métayer. Un titre qui sonne volontairement enfantin, mais le spectacle a un sous-titre : « La danse de la colère ». Comme vous irez forcément le voir, je ne vous en dirai qu'un minimum, ce qui figure sur le site : « Odette a 8 ans. Elle aime rire et dessiner. Elle fait confiance aux adultes. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents ? Pourquoi refuserait-elle de jouer aux « chatouilles » ? Odette ne parle pas, elle ne croit pas qu’elle pourrait être crue. Pour qu’on la comprenne, elle danse. Face aux autres enfants, à ses parents, aux amis, aux flics, face à la justice, elle danse… Le désir de vivre et de résilience entraînera Odette dans un jusqu’au-boutisme outrancier, rock n’ roll et souvent drôle. »
C'est déjà intrigant, mais c'est encore bien mieux. Parce que justement, on passe sans cesse du rire aux larmes, de la détresse à la colère, de l'accablement à la révolte. Voyez cette scène : après cinq ans de Conservatoire, Odette a trouvé un boulot d'animation de Noël dans un supermarché (« Un supermarché ! Même pas un hyper ! ») Tandis qu'elle répète une chorégraphie ridicule, affublée d'oreilles de lapin – rires dans la salle – elle raconte ce qu'un ami de la famille lui a fait subir – et les rires s'étranglent. Ou encore ce moment où son prof de danse veut absolument interpréter la souffrance qu'elle exprime, là devant nous, selon un schéma qui ne correspond absolument pas à sa réalité à elle. C'est affreusement drôle et grotesquement tragique.
Andréa Bescond est seule en scène, avec une chaise pour unique élément de décor. Pourtant on passera de sa chambre à une salle de tribunal, une scène de music-hall, un commissariat, un cabinet de psy, on croisera Odette à 8 ans, à 12 ans, à 30 ans, la mère d'Odette (terrible personnage), son père, ses profs de danse, un pote encore plus paumé qu'elle, un flic lourdaud, un gamin qui ne veut surtout pas passer pour une fille, des filles qui acceptent n'importe quoi pour obtenir un rôle...et même son abuseur lui-même, écoeurant de mauvaise foi et de bonne conscience. Et chacun, chacune, a une voix, un accent, une posture corporelle, qu'on reconnaît immédiatement. Comme performance, c'est époustouflant. Ce n'est pas seulement criant de vérité, c'est hurlant de vérité.
Et c'est bien plus que cela encore, parce qu'on partage forcément quelque chose de ce vécu, que ce soient des abus dans l'enfance, l'incompréhension des adultes, une incapacité des parents à vous protéger, une douleur qu'on ravale jusqu'à l'explosion, et cette force de vivre qui vous pousse tout de même vers l'avant. Pour moi qui ai souvent des problèmes avec les « fins »,j'ai trouvé la dernière scène magnifique. Elle serre la gorge, elle déchire et elle console en même temps. A la sortie, beaucoup de gens avaient les yeux rouges. Après une standing ovation largement méritée.
Voilà, si vous n'avez toujours pas envie de vous précipiter, c'est que ma compétence de critique est vraiment très limitée.
Le spectacle est complet à Bruxelles, mais il sera repris au Petit Théâtre Montparnasse à Paris, à partir du 14 janvier 2016. Mis à jour (Jeudi, 29 Octobre 2015 16:07)
En cette fin de mois de juillet, la petite ville de Barjac organisait son 20e festival « Chanson de parole », un grand moment de bonheur, d'échanges et de découvertes pour les amoureux/ses de la chanson française. C'est là que j'avais décidé de passer une partie de mes vacances. Après avoir distillé mes commentaires au jour le jour – ou plutôt à la nuit la nuit... - je vous livre une petite synthèse, surtout axée sur mes coups de coeur que j'ai envie de partager, avec des liens pour y goûter, si le coeur vous en dit. Mais sans oublier quelques côtés plus sombres, parce que cela fait également partie du monde de la chanson.
Paroles et (surtout) musiques
D'abord, une impression générale : bien que dédié à la chanson à texte, le festival (en tout cas cette édition) m'a semblé surtout riche sur le plan musical. Le groupe Bratsch, avec ses mélanges d'influences tsiganes, juives, napolitaines... est un vrai bonheur d'émotion, de plaisir, mais on ne peut pas dire que les paroles soient son point fort... De même, « Teicher chante Trenet » vaut surtout la performance du pianiste (belge!) Johan Dupont, époustouflant. Ou encore les facéties de Leonid, duo délirant de multi-instrumentistes, qui a fait hurler « vent... foudre... pluie... » à un public déchaîné!
Mais les véritables écritures, originales, personnelles, inventives, pouvaient se compter sur le doigt d'une main, ou même les phalanges d'un doigt : Joyet, Sourigues, Tachan, et bien sûr Allain Leprest (d'accord, c'est un doigt à quatre phalanges), chanté par Claire Elzière. Une interprétation qui m'a paru un peu trop « propre », manquant singulièrement d'émotion (quand les chansons de Leprest sont tellement fortes...) Bref, cette année au festival de Barjac, on peut dire que la parole est d'argent, mais la musique est d'or...
Autre impression, l'âge moyen du public, plutôt inquiétant pour l'avenir de la chanson à texte. A ce rythme-là, le festival devra se transporter bientôt dans les maisons de retraite, avant d'agrémenter les allées de cimetière... Pourtant, côté artistes, un effort a été fait pour programmer des plus jeunes. Reste à les attirer comme spectateurs.
Enfin, impossible pour moi de ne pas relever la sous-représentation des femmes. Si lors de la soirée d'ouverture, l'équilibre de la scène collective était plus ou moins atteint, ce n'était guère le cas du reste de la programmation, où les soirées 100% masculines n'ont pas manqué. Dommage pour un festival marrainé par Anne Sylvestre...
Une absence encore plus flagrante lors de la conférence de Michel Trihoreau venu présenter son livre, "La chanson de circonstance". Pour tout savoir des innombrables versions de la Marseillaise, de l'origine du terme "lapalissade", des chansons des guerriers et des déserteurs, de travail ou de grève, ridiculisant la consommation effrénée ou le sport... parodies et détournements, bref, tout, ou presque. Et tout se tient dans ce "presque". L'auteur ne connaît apparemment rien de la richesse de l'utilisation de la chanson dans le mouvement des femmes. Pire encore, on se demande s'il sait que des femmes chantent... Car sur la vingtaine d'interprètes et/ou d'auteurs illustrant ses propos, une seule femme (oui, UNE) : Catherine Ribeiro chantant la Marseillaise (ce qui n'est pas non plus le moment le plus "créatif"). Et cela dans un festival, rappelons-le, marrainé par Anne Sylvestre... qui n'a même pas droit à figurer parmi les exemples choisis !
Mais bien sûr, on connaît la chanson (et la réponse de Michel Trihoreau à cette remarque) : on ne regarde pas le sexe, seulement le talent, l'humain, et blablabla... Et c'est ainsi que les dominants restent dominants, dans tous les domaines.
Coups de coeur
N'empêche, j'ai vécu de grands moments à Barjac, j'y ai vu des artistes que j'ai envie de faire (mieux) connaître.
Pour commencer, Flow. Flow, c'est une allure androgyne, la casquette vissée sur la tête, et surtout une voix, travaillée par la cigarette et l'alcool (j'imagine), une présence sur scène et des chansons qui tournent dans la tête. Depuis mon retour, c'est le CD dont je ne me lasse pas, et en particulier « Je veux qu'on m'appelle Alexandre », qui fait désormais partie de ma liste idéale...
Ensuite, Alain Sourigues. Dans un festival qui ne brillait pas par l'humour, Sourigues a apporté un grain de folie, de délire, avec une écriture magnifique en plus. Si l'on a ri durant tout le concert, il a terminé par une chanson douce et tendre qui a montré toute l'étendue de son talent. A voir absolument sur scène. On ne trouve pas beaucoup de vidéos de lui sur le net, mais il y a ce très bel article sur le (non moins beau) site « Nos enchanteurs », pour mieux le connaître. Vivement qu'il soit invité en Belgique !
Dans un tout autre genre, j'ai découvert Emilie Marsh, rockeuse, rageuse, n'hésitant pas à se mettre en danger. Un vrai coup de coeur / coup de poing, un cri de jeune femme fascinée par Patti Smith. Je n'ai pas retrouvé de trace de la chanson la plus forte (qui s'appelle peut-être « La nuit ») mais je vous livre déjà « Antisensuelle », qui donne une bonne idée du personnage.
Bernard Joyet, en duo avec Nathalie Miravette, ce n'était pas vraiment une découverte, mais c'était évidemment un des points forts du festival, un des grands points forts de la chanson française tout court, d'ailleurs, drôle, émouvant, chaleureux. A découvrir ici (regardez par exemple « La paresse », ce « rap lent », un grand moment sur scène, ou encore « Le Gérontophile » qui me rappelle de délicieux souvenirs personnels).
Quelques autres personnalités sont ressorties pour moi, moins évidentes peut-être sur la durée, ou moins présentes parce que participant seulement à des concerts collectifs : Yvette Théraulaz, complice d'Anne Sylvestre pour une chanson et si drôle et fragile dans d'autres interprétations. A ne pas manquer, ce texte « Taisez-vous mesdemoiselles ! »
Le même soir, un moment magique : Katrin Waldteufel et son adaptation de "l'Affiche rouge" (Aragon/Ferré) au violoncelle, bouleversante.
Bien aimé aussi le concert de Sale Petit Bonhomme (des fans de Brassens, on l'aura deviné), avec quelques chansons délicates. Dommage que ce groupe sympa ait choisi de terminer par un rappel (« Vengeance tardive ») platement sexiste, et même consciemment sexiste d'après leur propre présentation : "Voilà une chanson qui ne plaira pas aux filles, mais elle plaira aux gars".Vous imaginez un groupe annonçant : "une chanson qui ne plaira pas aux Noirs, mais elle plaira aux Blancs"...? Il y avait pourtant eu de bien jolies chansons, y compris d'amour, et un instant magique : alors que le groupe entame une chanson sur les maisons de retraites (sur le fait que les vieux et vieilles méritent mieux que la musique qu'on leur sert), une dame d'apparence fort âgée fait son entrée sous le chapiteau et se met à danser. Quelqu'un lui avance une chaise, elle y pose son sac et continue à bouger avec une souplesse et un rythme délicieux. On aurait presque cru qu'elle faisait partie du spectacle.
Enfin, ne pas oublier Agnès Bihl, qui a aussi marqué le premier concert collectif. Mais elle est surtout l'une des complices d'Anne Sylvestre dans le spectacle « Carré de dames », avec Nathalie Miravette et Dorothée Daniel, à ne pas manquer sur scène ou sur CD...
Coup de massue
Voilà pour les bons moments de Barjac. Mais pour finir, la grosse déception. Car ce festival s'est terminé pour moi sur une fausse note, hélas, une note vraiment très grinçante. Une soirée froide, où on a sorti pulls, couvertures et capuches, mais un froid encore plus désagréable jeté par Henri Tachan, celui qui devait illuminer la soirée. Déjà le matin, le film qui le présentait laissait découvrir, plutôt que la "vie de révolte" du titre, surtout une "vie de narcissisime". Les chansons valaient bien mieux que ce que l'auteur en disait. Mais on pardonne beaucoup aux artistes qu'on aime, parce que la culture serait bien appauvrie si on jugeait les oeuvres d'après leurs auteurs, et puis, peut-être que les oeuvres elles-mêmes ne nous toucheraient pas autant, ne seraient pas aussi fortes si leurs auteurs n'étaient pas aussi torturés, contradictoires – et égocentriques. Mais sur scène, face à un public qui lui est tout acquis, qui lui a fait une ovation debout, Tachan est franchement détestable. Un sale petit bonhomme qui répond volontiers aux questions qui le mettent en valeur, mais qui esquive les autres, méchamment, avec mépris et grossièreté, qui remballe Anne Sylvestre et sa question sur la présence (ou plutôt l'absence) des femmes,dans le monde de la chanson (lui, l'auteur des « Z'hommes »!). Qui renverse complètement sa propre chanson, "Entre l'amour et l'amitié" ("il n'y a qu'un lit de différence") en lançant "ben oui, il y a un lit de différence, sinon j'aurais déjà sodomisé X" (consternation dans le public).Mais surtout, à une question sur la montée du Front national, se la joue "moi je ne m'occupe pas de ces choses" et plus tard, se croit malin de faire un parallèle entre "extrême droite" et "extrême gauche" parce qu'une question arrive de la gauche de la salle... Difficile après ça de rentrer dans l'hommage que lui rend Yves Jamait, pourtant magnifique interprète. Difficile de rire et difficile de s'émouvoir. Moi, en tout cas, je n'ai pas pu.
« Je »
Une dernière remarque, pour finir. À écouter durant ces six jours les chanteur/se/s défiler, en découverte ou en vedette, en scène officielle ou en scène ouverte, il me vient une réflexion : il faudrait faire une étude sur l'utilisation du "je" en chanson. Le "je" quand on parle de soi, le "je" quand on se met dans la peau de quelqu'un d'autre, le "je" qui vous met en danger, le "je" purement narcissique (celui qui, quel que soit le thème et l'approche de la chanson, consiste à donner son avis, son sentiment, comme élément essentiel). C'est ce dernier qui me paraît hélas très répandu et qu'à la longue, je trouve insupportable (tiens : "je trouve", difficile d'y échapper) Ah oui, et si quelqu'un/e se lançait dans une telle étude, ne pas oublier l'approche de genre. Il me semble, mais ce serait à vérifier, que le "je" des femmes n'est pas tout à fait le même que celui des hommes, en général (avec des exceptions, bien sûr). A creuser.
(dédié à Martine, avec qui j'ai partagé coups de coeur, coups de colère et fous rires) Mis à jour (Mardi, 04 Août 2015 13:47)
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