Chroniques du sexisme ordinaire

"Que pensez-vous en tant que mère..."

3 avril 2014, JT de la RTBF, Johanne Montay, à Joëlle Milquet, vice-première ministre : "En tant que mère, que pensez-vous de l'attitude la reine Paola...?" Heureusement qu'on a des femmes journalistes pour poser ce genre de questions. Imagine-ton demander à Paul Magnette : "En tant que père, que pensez-vous de l'attitude du Roi Albert vis-à-vis de Delphine ?"

 

Pour tout le sexisme du Monde...

C'est juste un numéro du quotidien le Monde (daté du 7 février 2014), sûrement pas le pire média en matière de sexisme, et voilà ce que j'y ai trouvé, sans recherches particulières, juste dans les pages que j'ai lues.

Dans le Tiré à part consacré à Toulouse :« Il se souvient de son enfance où (...) les fils des travailleurs immigrés algériens tapaient dans le ballon avec des fils d'Espagnols et embêtaient les filles des ouvriers français ». Ah, le bon vieux temps où l'on tapait le ballon entre garçons en embêtant les filles... Bon, je sens que vous trouvez que je cherche la petite bête. Une plus grosse alors, en page 15, dans la chronique "C'est à voir" :

« Certes, je peux comprendcre qu'au retour du travail, après 1h30 de transport, une mère de famille n'ait plus l'énergie de cuisiner pour sa marmaille. Mais tout de même : éplucher six pommes de terre, les trancher, les éponger, avant de les frotter d'un peu d'huile, de sel, de poivre et de cumin, puis les mettre au four 35 minutes à 220° ne me semble pas un Himalaya infranchissable ».

Où l'on apprend que les Français sont aussi nuls pour préparer les frites que pour partager les tâches ménagères.

Mais j'ai gardé la plus grosse bête pour la fin : dans ses pages « Décryptages », le Monde se penche sur le « Malaise dans l'égalité entre les sexes ». Et pour le malaise, on est servis. Voici donc la lettre que j'ai adressée à ce sujet au courrier des lecteurs (et surtout des lectrices) :

Dans son numéro daté du 7 février 2014, le Monde consacre deux pages à la polémique qui agite actuellement la France (et qui, vue de Belgique, paraît assez ahurissante) concernant la famille et l'égalité entre les sexes. Bien sûr, cela méritait un décryptage... mais ô surprise : sur cinq contributions, quatre sont signées par des hommes, les seules intervenantes étant noyées dans un "Collectif" ou reléguées à la version électronique (comme Christine Bard).
Les questions de genre et de rapports sociaux de sexe sont pourtant, et depuis longtemps, surtout étudiées par des chercheuses et prises en charge par des militantes. Il me paraît déjà contraire à l'égalité des sexes que ce soient systématiquement des "experts" masculins qui soient interrogés sur des sujets politiques ou économiques, invisibilisant ainsi l'expertise des femmes (voir les études du Global Media Monitoring project) ; mais sur un thème comme l'égalité des sexes, c'est franchement grotesque.
Pour reprendre la formulation de votre "chapeau" : "D'où provient cette résistance à dissoudre les hiérarchies sexuelles" ?

Je vous ferai part, bien sûr, de l'éventuelle réponse...

Mis à jour (Mardi, 11 Février 2014 17:38)

 

Seules les femmes sont choquées ?

Un exemple magnifique de sexisme inconscient et hélas, très ordinaire.

Prenez un gars progressiste, pas macho (en tout cas nettement sous la moyenne), mettez-le dans une émission sur, disons, le projet d'« accompagnement sexuel des personnes handicapées » (1). Alors même que les défenseurs du projet s'échinent à expliquer que les « bénéficiaires » seront autant des femmes que des hommes, de même que les « accompagnant/e/s », lui ne parle que des « femmes qui choisissent ce métier » (il sait bien, lui, qu'on parle surtout de femmes et que les bénéficiaires seraient principalement, même si pas exclusivement, des hommes). Jusque là, il se contente, bien involontairement et sans l'assumer, de trahir le fond de sa pensée, qui correspond sans doute à la réalité.

Mais le plus beau est à venir. Très sévère avec le CFFB (Conseil des Femmes Francophones), ces « ultra féministes » qui elles, condamnent clairement le projet (justement pour les raisons qu'il lâche plus haut), il atténue son jugement car, textuellement : « Je peux comprendre que pour une femme, la vue de prostituées en vitrine ou sur Internet... il faut se mettre à leur place, si on verrait la même chose pour des hommes qui seraient des marchandises... », mais, ajoute-t-il aussitôt,elles se trompent de cible car ici, il ne s'agira évidemment  pas de faire appel aux réseaux mafieux.

Quoi qu'on pense de ce projet (et personnellement, je n'ai pas d'opinion définitive, même si je penche du côté du refus, mais j'aimerais entendre davantage les handicapé/e/s, et surtout les femmes), ce qu'il dit là est sublime : donc, des filles en vitrines, il y a là de quoi choquer... les femmes. Pour que les hommes eux aussi soient « choqués », il faudrait qu'ils soient confrontés à la même marchandisation de leurs congénères.

Vous ne percevez pas l'énormité ? Faisons un parallèle : c'est comme si on disait « Je peux comprendre que des Noir/e/s, en voyant un film sur l'esclavage, soit choqué/e/s... il faut se mettre à leur place, si on voyait la même chose pour des Blanc/he/s qui seraient des marchandises... » C'est plus clair, là, maintenant ?

(1) sur Vivacité, 19 septembre 2013 (ou un jour proche en tout cas).

Mis à jour (Dimanche, 29 Septembre 2013 10:06)

 

Poilue mais pas édentée

Quand je ne ris pas de vos blagues sur les blondes, c'est parce que je manque d'humour. Quand je m'étonne que vous n'ayez pas, en parallèle, un recueil de plaisanteries sur la stupidité des chauves ou la violence des couillus, c'est parce que je déteste les hommes. Quand je m'offusque qu'on traite une femme de pute, c'est que je suis coincée, mal baisée – pourtant ce n'est pas que je méprise les putes, c'est que je sais que ceux qui traitent les femmes de putes méprisent et les putes et les femmes en général. Si je je ne supporte pas qu'on dise d'une femme qu'est « bonne » (ce qui est si différent d'un homme « bon »), c'est parce que je suis vieille, qu'aujourd'hui on ne parle plus comme de mon temps, on ne dit pas qu'une femme est charmante, intelligente, drôle – ce que, d'ailleurs, on ne disait pas tellement non plus de « mon temps ». Si je râle d'entendre tous ces experts et « responsables » 100% masculins, pérorant au nom de l'humanité alors que, si exceptionnellement il y a une majorité de femmes, leurs avis sont présentés comme « un regard féminin sur... », c'est que je suis hargneuse, jalouse ou même, si je suggère quota et mesures anti-discrimination, que je méprise les femmes parce que je ne les crois pas capable de s'imposer par leurs seuls « mérites ». Bref, tout ça, c'est parce que je suis féministe. Eh bien oui, en effet : je suis une vieille féministe, moche, hargneuse, dépourvue de tout humour. Et poilue. Mais pas édentée. Je n'ai donc pas fini de mordre !

Mis à jour (Samedi, 22 Juin 2013 14:45)

 

Le sexisme plus fort que le patriotisme !

Les Français (en tout cas, certains Français, ceux des médias) n'en peuvent plus : depouis que Tsonga a éliminé Federer au tournoi de Roland-Garros (c'est du tennis, bande d'ignares), ça y est, ils pensent tenir un futur vainqueur français... le premier depuis 30 ans, depuis Yannick Noah !

Du moins c'est ce qu'on entend depuis ce jour historique du 4 juin 2013... Mais voilà : le dernier vianqueur français au tournoi de Paris, ça date de 2000. 13 ans donc, pas 30. Ce "vainqueur" (mot sans féminin) s'appelait Marie Pierce. Eh oui ! "Le denrier vainqueur français était une femme !" donc ça ne compte pas. Comme quoi le sexisme est encore plus fort que le patriotisme !

 
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