Ils étaient blancs

Ils étaient noirs

Ils portaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel

Mais pas seulement le bleu-blanc-rouge

Ils sont couchés

Ou déchiquetés

Sur un marché lointain

Dans une ville en guerre

Touchés par une bombe intelligente

Larguée par un drone anonyme

Ou bien fauchés

A la terrasse d'un café

Dans les travées d'une salle de concert

Un corps égal un corps égal un corps

Mornes morts des images télévisées

 

Nos morts

No more

Nos morts

No more

No more...

 

 

Ils étaient blancs

Ils étaient rouges

Rouges de sang et de colère

Ce sont des assassins

Et pourtant

Ce sont aussi vos enfants

Nos enfants

Ils ont grandi

Ri et pleuré

Joué au foot

Traîné sur de lointains marchés

Peut-être même à la terrasse des cafés

Ou même un jour lointain

Dans les travées d'une salle de concert

On les appelle monstres... barbares... crevures... crétins... sauvages...

Des mots terribles

Des mots affreux

Des mots pour s'étourdir

Et ne rien comprendre

 

Nos mots

No more

Nos mots

No more

 

Nous sommes blancs

Nous sommes rouges

Nous sommes noirs verts ou jaunes qu'importe

Nous sommes de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel

Nous croisons nos mains nos doigts

Pour tracer des mots sur le sable

Des mots fragiles dérisoires

Assez

Plus jamais ça

No more

Assez

Assez des murs et des barbelés

Assez des hymnes et des drapeaux

Plus jamais de sang impur qui abreuve nos sillons

Pas plus que les travées de nos salles de concert

Ni les marchés les maisons les trottoirs

D'ici ou d'ailleurs

Nous ne voulons plus

Plus jamais

Mais ne savons comment nous y prendre

Juste nous répéter tout bas

 

Nos mots

Nos morts

No more

Nos mots

Nos morts

No more