Whitesplaining et sparadrapgate, vu par Rokhaya Diallo

"Sparadrapgate"

Cette histoire de sparadrap, de coiffure ou de lunettes, c'est ce qui m'avait frappée lors du récent colloque sur les afro-féminismes et les féminismes musulmans. D'autant plus frappée que je n'y avais jamais pensé. Que j'avais le confort de ne jamais avoir dû y penser.
Pourtant je sais que c'est au nom de ce même "impensé" - l'homme blanc considéré comme représentant de l'ensemble de l'humanité - que, par exemple, certaines maladies (cardiaques notamment) des femmes sont sous-diagnostiquées et mal soignées, parce que les symptômes, comme les médicaments, sont adaptés aux hommes.
Et voilà que ma couleur de peau ou la forme de mon nez sont elles aussi faussement "universelles" (du moins dans notre monde occidental) et que je n'étais même pas obligée de m'en rendre compte.
La violence des réactions subies par Rokhaya Diallo fait penser aux ricanements (au mieux...) que subissent tant de féministes lorsqu'elles dénoncent le "masculin universel" et le "privilège mâle". Le "whitesplaining" qu'elle dénonce est si proche du "mansplaining".
Un argument de plus pour des moments de non-mixité choisie, car elle "permet aux personnes comme moi d’échanger sereinement quant à leur condition : des sujets graves mais aussi des choses qui semblent anodines aux yeux de la majorité blanche, sans risque d’être exposé·e à des ricanements condescendants ou à des commentaires dubitatifs".