8 mars, journée des femmes plurielles

Cela ne vous aura sans doute pas échappé : nous sommes le 8 mars. Ah oui, cette date vous dit quelque chose... Le passage à l'heure d'été... ? La fin de la saison des moules... ?

Mais oui, vous y êtes : le 8 mars, c'est la fête de LA FÄÄÄME, vous savez, ce truc abstrait qui ne pense qu'aux fringues et à la bôôôtéée (1). On n'oubliera donc pas de lui offrir une rose au bureau (ce n'est pourtant pas la journée des secrétaires), lui envoyer une carte virtuelle spéciale 8 mars (2) pour lui remettre le « diplôme de la meilleure compagne » (ce n'est pourtant pas la Saint-Valentin) ou celui de « la plus belle maman » (ce n'est pourtant pas la fête des mères), de repasser soi-même sa chemise (3) (ce n'est pourtant pas le Carnaval où l'on échange les rôles) ; ou encore élire « la femme de l'année » dans une liste qui va de la reine à la sportive en passant par la cheffe d'entreprise qui a si bien su « concilier vie professionnelle et maternité » (4) (et si elle a pu, comment se fait-ce que vous... ?)

Mais bon. J'arrête de râler. Aujourd'hui, exceptionnellement (hélas), on parle aussi des violences contre les femmes, de l'écart salarial, du sexisme dans les manuels scolaires, de la sous-représentation des femmes dans les secteurs économiques et médiatiques et même, oui même, de « féminisme », même si c'est pour se demander s'il n'est pas quand même « dépassé » ou « ringard ». Mais en donnant quand même la parole à des féministes revendiquées pour y répondre.

Donc, vive ce 8 mars, mais à une condition : ne plus entendre parler de « la femme » mais « des femmes », dans leur réalité, leur richesse, leur diversité, leur courage et leur folie, leurs rêves et leurs luttes, leurs malheurs et leurs résistances. Les féminismes eux-mêmes sont pluriels.

Le quotidien gratuit Metro du 6 mars, dans un article sur un « salon pour les femmes » qui prend autant de distances que possible avec toute idée de féminisme, illustre involontairement la ringardise de « la femme » : le journaliste a cette question délicieuse : "En tant que consommatrice, qu'est-ce qui définit la femme par rapport aux hommes ?" Voilà : les hommes sont concrets, pluriels, "LA femme" est un stéréotype, à peine vivante.

Et pour finir, je vous offre ce dessin que j'adore, tout comme le texte qui va avec :

http://blogfeministe.skyrock.com/555931501-Journee-de-la-femme-l-arnaque.html

Allez, les femmes, bonnes et joyeuses luttes !

 

Note : Un journaliste me fait aimablement remarquer que le 1er mai ou la Gay Pride commémorent aussi des événements parfois dramatiques et des révoltes, et n'en sont pas moins "festifs" pour autant. A quoi je répondrai que justement, dans les deux cas, chez nous, la fête (et parfois le commerce) ont complètement recouvert le combat. Et j'espère bien que le 8 mars ne deviendra pas une « fête de la femme », nouvel eldorado pour le commerce des roses, des fringues et des déodorants !

 

 

(1) « Les femmes sont-elles égales face aux critères de beauté ? », s'interroge par exemple le quotidien Les Echos, journal sérieux s'il en est, dans son édition du 6 mars

(2) Non, je vous citerai pas l'éditeur de ces cartes ! Mais pour être objective, j'admets qu'il y a une phrase (UNE !) qu'on peut retenir dans tout ce fatras de nunucheries : "En cette journée des femmes, je fais le souhait que les femmes soient davantage respectées et qu'elles soient, partout dans le monde, reconnues comme les égales des hommes "

(3) Pulbicité de Vandenborre, avec cours à l'appui, de même que pour le repas du soir : une autre forme de sexisme !

(4) Dans le gratuit Metro. On trouve aussi, pour rester objective, les Pussy Riot ou encore Malala Yusufzai, la jeune Pakistanaise blessée par les Talibans pour avoir défendu le droit à l'éducation des filles. Rien de tel dans la Libre Belgique qui propose une liste de femmes belges, qui ont pour principal point commun de ne jamais avoir défendu les droits des femmes, sinon pour elles-mêmes.

Mis à jour (Vendredi, 08 Mars 2013 08:39)