Manif du 21 février : pétard mouillé ?

Donc, ce jeudi 21 février, les syndicats appellent en Front Commun à une grande manifestation contre l'austérité et pour une fiscalité plus juste. La Belgique sera paralysée, les transports à l'arrêt (sauf pour amener les manifestant/e/s), les écoles désertes, les grands magasins portes closes, et les rues de Bruxelles noyées de drapeaux rouges et verts (bon, un peu de créativité ne ferait pas de mal, mais personne n'est parfait). Et beaucoup de pétard(s).

Mais en fait... non. La RTBF annonce ce matin 20 000 manifestants. Non, il ne manque pas un zéro : vingt mille, disons même trente pour que les organisateurs puissent parler d'un « succès ». Allez, disons qu'on sera 50 000, un triomphe. 

Ou... une simple soupape pour faire baisser la pression ? Non, pas la pression sur le gouvernement et le patronat : la pression sur les syndicats.

 

Parce que demain, pour cette grrrrrrrande journée d'action, il n'y a pas d'appel à la grève. Certes, les grévistes seront « couverts » (c'est plus prudent, par ce froid) : mais chacun/e fait comme il/elle veut ou plutôt peut. Je ne vous dis pas, dans une petite boîte, sans délégation, déjà en cas de grève générale, mais alors en cas de grève à la carte... Et même dans les grandes boîtes, en dehors de certaines usines à la combativité en acier, il y aura les délégués (et même pas tous), quelques militants, et c'est tout. Inutile de faire vos provisions de frites surgelées, votre supermarché sera probablement ouvert.

Mais qu'est-ce qu'ils foutent, mes amis les syndicats ? Leur stratégie, s'ils en ont une, me paraît dramatiquement molle, insuffisante, ou défaitiste. Même s'il y avait un jour de grève, d'ailleurs, comme en janvier 2012 : une grosse mobilisation et le lendemain, retour au turbin... et aux mesures d'austérité.

Je ne peux que reprendre des extraits de la Carte blanche de Francis Gomez, parue dans le Soir en septembre dernier, à propos d'autres « mobilisations » :

« Serait-il possible que la FGTB soit dans une phase incantatoire, faite de brefs moments d’expression publique et de longues périodes d’inaction et de renoncement ? Eh bien oui. Notre manière d’agir l’indique clairement. Je regrette de le dire, mais je crains que ce qui mène la majorité des responsables de la FGTB aujourd’hui, c’est une stratégie de démobilisation des affiliés.

(...) Toute l’histoire des mobilisations de ces dix dernières années se résume ainsi : l’appareil syndical chauffe les « troupes » puis les abandonne au détour d’un compromis « responsable » avec le gouvernement ou le patronat. (...) Or, une mobilisation, quand on la souhaite efficace, ce n’est pas ça. C’est définir des objectifs concrets (même si tout le monde sait bien qu’on n’obtient jamais tout) et pas lancer de grands slogans ultra-généraux. C’est proposer aussi, en attendant d’atteindre ces résultats satisfaisants, un plan d'action précis et s’y tenir.

(...) Le syndicalisme, c’est un contre-pouvoir, ce n’est pas un matelas entre la classe des travailleurs et les mondes politique et patronal. »

Pour rappel, Francis Gomez n'est pas un "gauchiste irresponsable" mais le président des métallos FGTB Liège-Luxembourg. Ohé la FGTB, y a quelqu'un qui a entendu, là haut...?

 

Note : je vise surtout la FGTB parce que c'est mon syndicat et parce qu'en principe, il est moins conciliant et plus combatif que la CSC (c'est d'ailleurs pour ça que c'est mon syndicat)

 

Mis à jour (Jeudi, 21 Février 2013 08:16)