Desperate Poors: Saison 2

L'actualité, la semaine passée, c'était cette vague de chaleur inattendue, ce bout d'été en plein octobre, le soleil généreux qui faisait briller de mille feux les feuilles d'automne – vous je ne sais pas, mais moi j'ai bien profité d'un week-end romantique à deux avec balades dans les bois, accès au wellness et bulles au petit déjeuner.

Cette semaine, l'actualité, c'est le froid qui arrive, ce bout d'hiver à l'entrée de novembre, la pluie, le vent, et bientôt, la « découverte » de ces sans abris qui vont encore devoir se les geler dans leurs cartons humides, quel scandale quand même, et dire qu'on n'en savait rien, jusqu'aux plus hautes sphères de l'Etat !

Heureusement que la RTBF, très consciente de son rôle de service public, veille au grain et même au flocon (de neige). Dans les coulisses, on s'agite déjà. Après l'énorme succès de la série « Desperate Poors » de février dernier (à ne pas confondre avec Standard & Poor's, bien qu'elle mérite un AAA+), on prépare la suite. La première saison s'appelait « Opération Hiver ». La saison 2 s'intitulera « Personne ne veut pas prendre sa place ! » On y verra des miséreux, filmés en gros plan, avec un bol de soupe fumant tout juste amené de la cantine et une bonne bière à la main (une Gueuze, quoi d'autre !)

 

Pour lancer le premier épisode, on attend quand même que la température chute sous les -10°C – mais pas beaucoup plus bas, ça pourrait faire geler les caméras et la misère sans images, à défaut d'être vue, n'a qu'à aller se faire voir. On découvrira donc qu'il y a toujours des malheureux qui n'ont pas de quoi se chauffer, ni se soigner, certains tousseront même peut-être en direct. On leur reprochera à peine d'avoir mal entretenu la couverture offerte il y a à peine 9 mois. La série étant interactive – la RTBF ne craint pas d'innover – on fera la file sur le boulevard Reyers pour accueillir un/e SDF chez soi. Grâce à la baisse des allocations de chômage dès le début novembre, on n'aura que l'embarras du choix : homme ou femme, jeune ou vieux, flamand, francophone ou même trilingue, avec ou sans animal de compagnie...

En signe de solidarité, les éditions de la RTBF publieront un livre qui sera gracieusement offert aux nécessiteux : le « Guide des Restos du Coeur », dont la présentation donnera droit, à son heureux propriétaire, à un apéritif gratuit.

Un épisode particulièrement poignant s'adressera aux jeunes qui n'auront pas obtenu ou auront perdu le droit au revenu d'insertion. On y verra des écrivains connus, des humoristes en vogue, proposer leurs services pour les aider à séduire les entreprises, en rédigeant pour eux des présentations d'une grande originalité, comme un « CV de lièvre » ou un « Curriculum Vidé ». Dans un autre épisode, on entendra le bourgmestre d'Etterbeek annoncer que son conseil communal, à peine mis en place, a voté une exception à sa célèbre initiative de limiter à quatre le nombre de mendiants par rue : en cas de température négative, cette limite sera portée à six, avec la restriction qu'il faudra prouver que son domicile, ou son non domicile, se situe bien dans la commune. Histoire que des vagabonds venus d'Ixelles ou de Woluwe-de-tous-les-Saints n'en profitent pas pour leur chauffer la place (quoique chauffer, dans ce cas particulier, ne soit peut-être pas le terme adéquat).

Bien sûr, comme dans toute série qui se respecte, il y aura aussi des méchants - lors de la première saison, le rôle était tenu par des syndicats irresponsables au service de privilégiés disposant d'un toit, d'une cuve de mazout pas complètement vide et même d'un emploi, fût-ce à mi-temps ou à durée déterminée. Les ennemis à abattre, au cours de cette deuxième saison, s'appelleront Indignés, PTB ou encore JONC (jeune sd'origine non contrôlée).

D'autres épisodes, plus émouvants les uns que les autres, sont en préparation. Si vous avez une idée, n'hésitez pas à nous en faire part. Les suggestions retenu/e/s seront récompensées d'un dîner, à la cantine de la RTBF, en tête à tête avec un/e ex-travailleur/se de Ford ou d'Arcelor Mittal. Bien entendu, vous paierez l'addition.

Mis à jour (Samedi, 27 Octobre 2012 16:56)