Le PTB, ni ange ni démon

Pour les un.es, un ramassis de stalineins masqués ; pour d'autres, des camarades marchant d'un pas décidé vers un avenir radieux, en repoussant courageusement les sournoises tentations qui les détourneraient du droit chemin....à parcourir les médias et mes réseaux sociaux, on dirait vraiment qu'il faille se situer entre l'admiration béate et la méfiance absolue....

En cette rentrée, il semble de bon ton de s'en prendre au PTB, de « Jeudi en prime » (RTBF) à « C'est pas tous les jours dimanche » (RTL), pour ne prendre que les médias audiovisuels.Si je me décide à ajouter mon grain de sel, c'est parce que ce que je lis à ce sujet me semble au mieux insatisfaisant, et au pire me désole.

Des élu.es quittent le parti, avec d'autant plus de fracas que les médias se jettent sur les motifs de leur « déception » : pas de prise en compte de leur avis, exigences financières excessives, pressions, menaces... ou encore « découverte » que le PTB est un parti marxiste (c'est vrai qu'on n'est sûr.e de rien, sachant que le PS n'est pas toujours « socialiste » et que le MR fait bien des entorses à une pensée authentiquement libérale...).

En réaction, je lis d'un côté, de la part de membres ou de sympathisants, que le PTB est un parti de gentils, de bienveillants, que la démocratie y est scrupuleusement respectée, que les décisions sont collectives ; de l'autre, de la part d'adversaires de toujours ou d'ex-membres (qui ont eu moins le mérite de savoir de quoi iels parlent) que le PTB est composé d'un côté d'affreux manipulateurs et de l'autre de pauvres naïfs qui se sont laissé prendre à des discours simplistes.

Qu'on me permette donc d'exprimer, non pas une vérité que je ne prétends pas détenir, mais les impressions de quelqu'un qui, par une décision très réfléchie n'est pas membre du PTB mais y a des ami.es, vote régulièrement (mais pas toujours) pour ce parti, en partage certaines positions et pas du tout d'autres, et regarde la vie politique avec un oeil ironique et l'autre admiratif (parce que franchement, il faut s'y coltiner).

Et donc, à mon avis raisonnablement modeste, le PTB a les défauts d'un parti (« nous » face aux « autres », sans trop de nuances) avec cependant le mérite de s'en tenir à ses principes (qu'on les partage ou non, c'est une forme de fidélité). C'est un organisme où on trouve de tout, de la bienveillance et de la rigidité, une immense générosité et des élans de mauvaise foi, des révolutionnaires et des conservateurs (sur certains plans), des féministes convaincu.es et des machos pas toujours conscients... et je pourrais poursuivre la liste. Oui, le PTB a parfois un discours simpliste (sur toutes les gratuités qu'il défend), parfois embarrassé (sur la question migratoire), des positions internationales où toutes les tensions du monde s'expliquent par les « méchants impérialistes » occidentaux, un fonctionnement interne qui ne semble pas des plus transparents... Mais il aussi des principes porteurs qui, d'abord moqués, finissent par être repris (taxe des millionnaires médecine du peuple...), fût-ce sous d'autre noms, il organise aussi une fête politico-culturelle de très haut niveau où il parvient à attirer les classes populaires (Manifiesta), et il sert de rempart contre un désenchantement politique qui risque de mener à la désertion de tout engagement public ou à un vote pour l'extrême-droite.

C'est aussi un parti qui a grandi vite, trop vite, ce qui explique pas mal de « déceptions » y compris de la part d'élu.es qui n'étaient pas forcément uniquement attiré.es par les avantages, matériels ou symboliques, liés à un poste, mais qui n'ont pas tout à fait compris où iels mettaient les pieds. Et ne serait-ce que pour cette raison-là, je fais partie de celleux qui pensent que le PTB a eu raison de ne pas aller au pouvoir (sauf peut-être dans certaines communes où il me semble qu'il avait les épaules assez larges pour peser vraiment), et pas uniquement pour des raisons strictement politiques qui se suffisent pourtant à elles-mêmes. Pour le dire autrement : le PTB a eu raison de s'en tenir assez strictement à ses principes de base, d'autant qu'il n'avait pas les cadres nécessaires pour pouvoir à la fois tenir tête aux requins aguerris de certains autres partis, d'être assez souple pour accepter sans se renier le compromis nécessaires, et de poursuivre en même temps l'indispensable travail de terrain.

 

 

 

Un dernier mot : il n'y a rien de déshonorant à s'être trompé.e, ou même, à la rigueur, d'avoir choisi de figurer sur une liste sans s'être renseigné.e sur toutes les exigences d'une éventuelle élection... Par contre, lorsqu'on démissionne d'un parti tout en gardant un mandat obtenu grâce à ce parti, on est juste un.e opportuniste

Mis à jour (Lundi, 09 Septembre 2019 14:24)