Chroniques du sexisme ordinaire

Chroniques du sexisme ordinaire

Des "gens" séquestrent des "êtres humains"

12 mai : entend sur RTL, à propos des séquestrées de Cleveland (et d'autres cas similaires) : "Mais qu'est-ce qui peut se passer dans la tête de ces GENS pour séquestrer des ETRES HUMAINS ?" Le journaliste (et ses invités) n'ont apparemment pas remarqué que ce sont chaque fois des HOMMES qui séquestrent des FEMMES ou des FILLES, et jamais l'inverse. En effet, comment espérer "comprendre" si on ne remarque pas ce "détail" ?

 

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Ma maman à moi, elle a horreur du sexisme, vous vendez aussi des haches casse-vitrines...?

 

Mis à jour (Jeudi, 09 Mai 2013 14:34)

 

Difficile avec autant de femmes

Débat dominical sur la RTBF, "Mise au Point" présente souvent un plateau où les femmes sont rares sinon totalement absentes. Depuis quelques semaines, un effort de féminisation semble se profiler. Dimanche 21 avril, un plateau plus équilibré que d'habitude, et voilà Catherine Fonck (CDH) et Evelyne Huytebroeck (Ecolo) qui débattent vigoureusement du projet des sanctions administratives communales. Parfois sans se laisser terminer une phrase. L'animateur tente d'y mettre de l'ordre (c'est son boulot) : "C'est difficile avec autant de femmes sur le plateau...", dit-il, avec le sourire quand même. Oui, elles sont au moins trois... Ben oui, cher Olivier Maroy, vous n'avez pas l'habitude...  (et à part ça, JAMAIS des hommes invités ne se coupent la parole ou ne parlent en même temps... Jamais jamais jamais...)

 

Pour le plaisir de l'homme

Vous ne connaissiez sans doute pas Jacques André, moi non plus, jusqu'à ce que je découvre son interview dans un "Monde des Livres" datant de quelques semaines déjà (je vous livrerai la date à la fin). Il est psychanalyste et a publié un "Que sais-je" consacré à la sexualité masculine. C'est dire si sa parole est d'or.

Et donc, que dit ce monsieur, après avoir lu tous les livres et écouté des dizaines de patients (et même des patientes, qui sait ?) : "Même si la vie sexuelle a connu beaucoup de transformations (...) le fond, cependant, reste inchangé : on peut être un homme aussi démocratique et paritaire que possible, et ne pouvoir parvenir à la satisfaction sexuelle que si la femme se soumet en position de levrette".

Comme il s'agit d'une interview, on attend que le journaliste (car oui, c'est aussi un homme, sans doute "aussi paritaire que possible" - ce qui, soit dit en passant, ne veut strictement rien dire), à savoir Jean Birnbaum, pose la question qui brûle les lèvres : "Oui, pourquoi pas, si la femme le désire aussi ? Mais si elle n'aime pas ça ? Est-ce que le plaisir de l'homme passe au-dessus du désir de la femme ?" Vous ne connaîtrez pas la réponse de M. André à cette intéressante question, car l'interviewer ne la pose pas et passe aussitôt à autre chose.

D'ailleurs, pouquoi insister ? Jacques André est psychanalyste, il n'y peut rien, la nature, pardon l'inconscient, c'est comme ça : l'homme (enfin certains hommes, ou beaucoup d'hommes) a besoin de dominer pour jouir. De quoi la femme (ou certaines femmes, ou beaucoup de femmes) a-t-elle besoin ? A-t-elle seulement des besoins, ou au moins un inconscient ? Bon, Jacques André étant un spécialiste de la sexualité masculine, il ne s'est peut-être pas posé la question. Faudrait quand même lui dire que la sexualité et le plaisir, ça se vit à deux (ou à trois ou plus, mais ne compliquons pas les choses). Et donc que le désir de l'"autre", fût-ce une femme, existe aussi.

Cerise sur le gâteau, le Monde a choisi la date idéale pour publier ces considérations : le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Ne pas oublier le droit de se soumettre, surtout.

 

Revue Nouvelle : un "mauvais procès" ?

Je vous livre ici un échange de courriels avec la Revue Nouvelle, qui publie en ce mois de décembre un dossier consacré aux rapports compliqués du féminisme et de la laïcité. Il faut bien constater qu'en féminisme c'est comme en grammaire, le masculin l'emporte. La « Domination masculine » a plus de chances de se faire entendre sous la plume (Bourdieu) ou la caméra (Patric Jean) d'un homme que dans l'analyse pourtant combien acérée d'une Christine Delphy (« L'ennemi principal »).

Voici donc cet échange :

D'Irène à la Revue Nouvelle, 20/12/2012 :

Découvrant le sommaire de votre numéro de décembre 2012, je m'étonne que le dossier central, consacré au thème "Laïcité et féminisme : le malentendu ?" laisse aussi peu de place aux féministes elles-mêmes et plus généralement d'ailleurs aux femmes. Une auteure pour quatre rédacteurs : vous avez fait fort. Ainsi donc, même pour un sujet où elles sont les premières concernées, les femmes n'ont pas la parole : mieux vaut laisser les choses sérieuses aux hommes.

Je crois me souvenir que vous avez contacté en dernière minute une association féministe pour lui demander une contribution dans la semaine, ce qui n'a pas été possible. C'est dire que vous n'avez pas pensé à les intégrer dès la conception du dossier.

C'est malheureusement une habitude que d'"oublier" les femmes. S'il y a un "malentendu" entre laïcité et féminisme, il y a certainement un gros "problème" entre le féminisme et les médias.

Veuillez agréer l'expression de ma consternation la plus sincère,

 

Réponse de Joëlle Kwaschin, rédactrice en chef, 28/12/2012 :

Vous nous faites là un bien mauvais procès. Véronique Degraef qui avait été associée à ce dossier et devait y écrire à malheureusement été empêchée de le faire en raison d'un accident.

 

Et ce même jour, ma réaction :

Merci pour votre réponse, même si elle ne me convainc pas. Je persiste à penser que les femmes en général et les féministes en particulier sont le mieux placées pour parler du féminisme, y compris ses contradictions, tout simplement parce qu'elles ont davantage réfléchi et travaillé dessus. De plus sur ce sujet, qui concerne de près les féministes musulmanes (et dont on parle dans le dossier), la parole ne leur est jamais donnée.

 
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