Un rendez-vous... manqué (pour le moment)
Moi aussi j'ai été sollicitée par le PTB pour co-signer le texte soutenu par Hugues, et je n'ai pas dit non. Moi aussi je pense qu'en effet, « il est des rendez-vous qu'il ne faut pas manquer ». Candidate d'ouverture sur les listes d'Ecolo en 2009, je m'en suis ensuite éloignée peu à peu et avec un dernier grand pas lors de ce vote incompréhensible sur le Traité européen. Moi aussi, je trouve important qu'en plus, à côté, en complément et comme expression de mobilisations sociales, la « vraie gauche » soit enfin représentée dans nos assemblées élues. Et je pense que seul le PTB (dans sa version GO) est capable de franchir ce pas, par le nombre, le sérieux de ses analyses, les alliances qu'il a su nouer.
Et pourtant, je n'ai pas signé le texte, sans exclure de le signer plus tard. Ce ne sont pas les supposées positions du PTB sur la Chine ou la Corée du Nord, si les « menaces » qu'il représenterait pour la démocratie qui m'ont arrêtée. J'ai eu suffisamment l'occasion de fréquenter certain/e/s de ses militant/e/s pour apprécier leurs analyses, leurs combats et aussi leur ouverture d'esprit. Non, un élu PTB, ou même plusieurs, ne sont pas un danger pour nos libertés.
J'écris bien « un élu », et c'est bien là que le bât blesse. Si j'étais « seulement » militante syndicale, j'aurais signé sans beaucoup d'hésitations. Mais voilà, je suis aussi, et surtout, une militante féministe, et la place des femmes au PTB me pose un vrai problème.
Ce qui me faisait hésiter a été renforcé par l' « incident » d'une photo sexiste de promotion du livre de Raoul Hedebouw, photo qui n'était pas un « dérapage » incontrôlé d'un militant mais une image largement « likée » sur Facebook et partagée, avec très peu d'écoute pour les réactions négatives. Mais ce n'est qu'un symptôme. Les éventuels élus ne pourront être que des hommes, les têtes de liste connues aussi (sauf à l'Europe, mais avec zéro chance d'élection). Problème de visibilité médiatique, choix de certaines femmes de se tenir à l'écart de ces places-là... soit, encore qu'il faudrait se demander pourquoi. Mais regardez la photo de la conférence de presse de ce matin : les seules personnes reconnaissables sont des hommes. Regardez le reportage de la RTBF : pas une seule femme visible. Il y en a pourtant dans le comité de soutien, et pas n'importe qui. On peut renvoyer la responsabilité aux médias, mais voilà : cela ne semble guère poser de problème au PTB. Pas une remarque. Et il faut bien chercher sur le site, riche en mobilisations, pour trouver la manif si importante du 29 janvier pour le droit à l'avortement...
Un petit tour sur le programme du PTB pour les communales (celui des prochaines élections n'est pas encore accessible) montre que les femmes ne sont citées qu'une fois en 42 pages... par rapport aux enfants. Le bureau du parti ? Une femme sur 8 membres. On peut certes dire qu'à contrario, la présidente des jeunes est une femme et qu'en matières d'élu/e/s dans les communes, l'équilibre est mieux respecté. Mais le compte n'y est pas. Les femmes sont quasi invisibles, aussi bien médiatiquement que dans les préoccupations et les analyses du PTB.
Voilà, dans ces conditions, il m'est impossible de soutenir un projet qui laisse aussi peu de place à ce qui représente l'un de mes combats principaux. J'attends les programmes pour les différentes élections. Je verrai alors si je décide de donner une caution féministe (car ce serait bien cela) à ce « rendez-vous »-là.